Publié le : 22

Kenya: Lamu, un port au paradis

Notre série sur les ports du monde nous emmène aujourd’hui au Kenya, dans la ville côtière de Lamu. Capitale de la culture swahilie, ce petit port historique de l’Océan Indien, classé au patrimoine de l’Unesco, a été choisi pour accueillir un gigantesque port en eau profonde, censé devenir à terme le plus grand terminal portuaire de l’Afrique de l’Est. Et ce n’est pas sans conséquences écologiques ni sans susciter des remous.

Lamu, ses bateaux de pêche traditionnels, ses maisons en roche de corail avec leurs portes en bois sculpté et ses ruelles étroites où seuls les ânes permettent de circuler… Un joyau de la culture swahilie, autrefois carrefour commercial de l’Océan Indien. « C’est peut-être l’une des villes les mieux préservées d’Afrique de l’Est. Si vous voulez avoir un aperçu de ce qu’était une ville swahilie au XVIIᵉ siècle, vous pouvez vivre ça à Lamu, encore aujourd’hui, estime Mohamed Ali Mwenje, qui y est conservateur. Vous pouvez observer ici deux siècles d’urbanisme et de modes de vies traditionnels. Et c’est ce qui rend Lamu unique par rapport aux autres lieux de peuplement swahili. »

Les pêcheurs contre le port en eaux profondes

Ce patrimoine, certains le jugent aujourd’hui menacé par le gigantesque port en eaux profondes qui a commencé son activité l’an dernier, à quelques kilomètres au nord du Lamu historique. « Ce port est unique du fait de sa très grande profondeur : 17,5 mètres. Il peut donc accueillir des navires plus grands et qui ne peuvent pas accoster au port de Mombasa. Ça en fait un excellent port de transbordements, unique sur cette côte », explique Salim Bunu, coordonnateur régional du projet.

Actuellement, seule la première phase de ce projet est terminée. Selon ses promoteurs, il est censé, à terme, relier le Kenya à ses voisins pour désenclaver la côte, longtemps marginalisée, et faciliter le commerce interafricain. Mais son arrivée a suscité une fronde de la part des pêcheurs traditionnels, qui font partie intégrante de l’héritage culturel de Lamu.

Bwanaus Chale est l’un de ces pêcheurs. Il se plaint que le port et ses trois postes d’accostage, construits sur ce qui était l’océan, grignote un espace de pêche qui était particulièrement prisé : « Pendant les grandes marées, la haute mer est très agitée, donc c’est ce de côté-là que l’on peut pêcher en sécurité. En plus, ici, même pendant la basse saison, on pouvait arriver à trouver beaucoup de poissons. C’était le meilleur endroit, mais maintenant l’accès est restreint. Je suis venu aujourd’hui. Mais je sais qu’à tout moment, la marine peut venir me causer des soucis. »

Publicité